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Du pif sans gadget
1 septembre 2013

Domaine Armand Rousseau - Clos St Jacques 2006

Ce soir, je m'attaque à une icône. Ma première bouteille du fameux domaine Rousseau. L'heure est grave et solennelle ! Petit détour chez le charcutier. Une p'tite tranche de pâté campagne marinée au calvados, une autre de lapin aux noisettes ! Un doux, un corsé, j'aime bien alterner !

Retour à la maison. Il est 21h00, l'estomac commence à crier famine ! Ca tombe bien y'a tout ce qui faut et même plus ! Je sors la planche, les bonnes terrines et la baguette triomphante. Un peu cliché la mise en scène, mais j'assume et je me fais plaisir par dessus tout ! Bon alors !!!!
Le tire bouchon frétille et s'active en une terrible pénétration. Sans déconner, le liège m'a offert un couinnement tout du long de la spirale comme j'en ai rarement entendu ! minnnnnnhminnnnnhminnnnnnhminnnnnnnh ! Vous y étiez pas, vous pouvez pas comprendre ! Rien que pour ça, ça vaut de le coup d'se mettre dans le rouge!

Je verse. Là, la terre peut s'arrêter ! Le téléphone peut sonner autant qu'il veut. Moi je, en bon gros "tout-ce-que-vous-voulez", je pète à la gueule de tout ce qui viendra me déranger. Merde, j'ai mon verre de Rousseau à la main, faut pas venir me faire chier !


Bah le nez, encore une fois, j'ai pas de bol !... Malheureux en vin, heureux en amour ! (le dicton, c'est un truc comme ça !). Moi j'me dis, imagine que ce vin là, ça soit une daube à dix boules, tu dirais quoi d'ce pif ? Bah j'dirais encore "fais chier", ce pinot est fermé, nom d'un chien ! C'est propre, aucun soupçon d'élevage dominant, très frais. Je ressens un ensemble fruité (cerise-framboise) à l'expressivité discrète. Se superpose le bois de ronce mât mais pas vert dans une expression peu acide. On pourrait penser aussi à des notes balsamiques éventées, très discrètes, douces, sans sucrosité. Bref, une belle fraîcheur mais le vin est en-dedans, assez inhibé ! Trop con.

2 heure après. Honnêtement j'ai fais ma victime, mais le nez s'est bien ouvert. Pour ceux qui en douteraient, on a vraiment du pinot ! La cerise et la ronce s'interpellent joliment autour d'une nuance de fraise puis finalement vient le poivre (l'élevage n'est pas saillant, il est fondu dans le fruit, l'ensemble a des accents encore primaire). C'est bon, fin, très agréable mais pas tonitruant. Il y a de la profondeur et le vin appel au calme.

La bouche en tout cas, depuis le début est une tuerie (j'ai fais mon salop, j'vous ai fait attendre, mais pas pour rien !). Comment décrire simplement. Ce qui est incroyable, c'est que la déglutition d'une gorgée dure une plombe. J'ai l'impression de têter dans le vide et que le liquide ne disparait pas, je patine ! (Si Freud m'entendait ...!). La matière est très surprenante, grasse, lisse, onctueuse, riche, les tanins sont fondus. (il me reste une gorgée pour m'en rappeller à jamais et vous dire la suite, c'est dire la buvabilité !). L'attaque est souple et la longueur est constamment portée par une belle acidité mi-végétale mi-fruité. Cette longueur marque durablement en bouche. La glotte, le milieu et le devant de la langue sont "piqués" de sensations acidulées-alcooleuses qui s'éteignent au final sur le poivre. C'est un vrai vin de dégustation parce qu'il faut l'écouter longuement après la gorgée engloutie. Il n'en reste pas moins que cela manque de fruit et de gourmandise. Il a y trop de végétalité à mon goût. C'est bien sec, on perçoit des notes salines pleines de fraîcheur.

Verdict du dépucelage: Est-ce bien raisonnable ?! A ce stade de maturité, je me le demande. N'ai-je pas goûté aussi bon avec des étiquettes bien moins présomptueuses ? Je pense que si. Je sais bien que l'émotion en terme de vin est arbitraire et sujette à bien des paramètres contextuels. Le souvenir d'un excellent Morey d'Arlaud 94 (bu en 2001), d'un Lambrays 2004 ouvert il y 2 ans, d'une Chambolle Lignier 2006 ou d'un Vosne d'Anne Gros 2010 m'en font douter. J'étais disposé ce soir au grand "transport" mais franchement je ne suis pas sûr que je rêverais autant qu'avant au prodige de ce domaine. Pourtant le vin s'est bien présenté après une certaine ouverture, aucune excuse donc. L'icône Rousseau me semble donc bien surfaite ce soir mais je ne tombe pas de trop haut car je m'y suis préparé. Le monde du grand vin est une affaire de marketing qui s'entretient à coup de com'. Je vais m'attirer les foudres des afficionados, et alors ! C'est vrai, je juge le domaine sur un seul essai et un seul instantané. C'est trop rapide, c'est sûr. Mais je reste convaincu intuitivement que les très bons vins ne sont pas réservés à cette supposée élite que le marché nous impose. Pour tout amoureux du vin, les grandes étiquettes sont des expériences obligées mais le plus grand bonheur c'est de s'en libérer intelligemment. Je reste libre et ouvert ce soir à n'importe quel verre qui se présentera à moi dans l'avenir, sans préjugé. :)

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