Rocche 2008 - Riserva - Barolo - Lorenzo Accomasso

Bouchon tout simple

Quelques scrupules à mettre la main sur cette bouteille en payant le prix fort sur Paris, quand je considère retrospectivement toute la sérénade qu'il m'a fallu élaborer, et que le vigneron mérite finalement vue son intégrité, pour en obtenir sur place le maigre flacon. Comme si par le pouvoir de l'argent, j'en forcais l'accès ! J'y trouve presque un trait de vulgarité, c'est mon côté romantique ! J'en serais presque devenu superstitieux en ouvrant la bouteille ! Il est bien possible me suis-je dit que l'âme du Lorenzo s'en vienne fermer le vin à triple tour en guise de revanche !

En effet, le vin à l'ouverture est cadenacé comme une porte de prison ! Ca hume simplement le marc de Bourgogne très éthéré avec un fond crayeux mêlé de fruit sec (lequel ? difficile à définir), puis la bouche me semble sur la première gorgée non pas portée par la chaleur mais marquée froidement et signicativement par l'alcool.

Une heure après, le nez a beaucoup évolué. Le fruit, barolesque, est arrivé: il est sur la prune plus que sur les fruits rouges, "terni" par des notes balsamiques (ô style traditionnel !), lesquelles gagnent progressivement du terrain olfactivement comme en bouche. Oui, il y a de la cerise mais une bonne dose de platre nappe l'ensemble, sans compter l'acescence qui marque son empreinte. En revanche, sur certaines gorgées le vin semble se libérer des agressions balsamiques et offrir une belle navigation dans un registre de prune profonde plus fraiche, somme toute un peu acescente mais au végétal très pur. Fond de verre très joli, prune acidulée, frais, végétal, gastrique mesuré sans balsamique particulier, vraiment de qualité avec du sureau. J'oubliais les tanins: ils sont fondus. La matière n'est pas énorme, pouvant sembler parfois un peu fuyante. L'alcool s'harmonise davantage avec l'aération mais demeure l'élément dominant en bouche, offrant une ceinture froide sans tomber non plus dans la sensation amère désagréable. Il est possible qu'en jeunesse, cette cuvée s'apprécie davantage en millésime plus chaud pour son fruit plus gourmand, car ici un alcool trop présent sur un fruit moyennement sexy fait mal, en tout cas reste rude.

Un vin que j'ai trouvé intéressant pour sa minéralité, avec un semblant de fond (matière peu significative) mais qui ne m'a apporté aucune émotion. Après, je n'ai aucune expérience sur cette cuvée. Peut-être s'épanouira-t'elle à l'avenir...je lui souhaite.