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Du pif sans gadget
25 juillet 2013

Château Talbot 1986 - Saint-Julien

Malgré qu'il fasse encore super chaud dans ma piaule du 8ème étage sous les toits, je décide de couper le ventilateur. Il perturbait mon nez, cadenassé dans le verre ! Pour la petite histoire, j'ai acheté cette bouteille il y a 3 semaines pour une occasion qui a dû être annulée. Comme je ne suis pas équipé à cette adresse d'une cave, la malheureuse a subie la vague de châleur. J'aurais crû qu'elle tiendrait le choc sans broncher mais hier j'ai aperçu de petites gouttes perler à travers la collerette dorée. Alerte, danger imminent ! Pote ou pas pote, faut y aller du tire-bouchon ! Ca sera en solitaire pour sauver le soldat Ryan ! Ouais, chui un héro !!! 

Niveau 8mm (il était de 4, trois semaines avant !). Bouchon nickel, imbibé à moitié mais évidemment avec de vagues traces de ce qui commençait à refluer. Le nez au bout de dix minutes s'est étoffé et se révèle complexe, délicieux. 
La maturité est juste parfaite. Myrtille, cassis et pêche jaune (oui oui, même sur un rouge), bois ciré, sous-bois, graphite et encre surtout (comme j'avais trouvé sur Côteaux du Noiré 05 en plus fin ici) et des notes florales qui font la liaison, quelque chose de la violette. Au début, je ressentais l'eucalyptus dans le mentholé mais ça s'est un peu atténué. Aucune note animale. C'est profond et très expressif. 

Je ne parlerai pas d'attaque en bouche tant le vin est fondu et caressant, il n'y a aucune brusquerie. Les choses se passent en douceur et en présence mais sans brutalité aucune. Au bout de 30 minutes, la texture s'est nettement densifiée, elle était beaucoup plus fluide et étroite au départ. Elle se promène et se palpe en bouche d'une manière élégante, aquatique, avec onctuosité, assez ronde sans être vraiment pleine, onctueusement, comme la truite qui sinue entre les rochers. (J'en suis au 3/4 de la bouteille passés ! soyez compréhensifs !). Belle matière donc qui occupe généreusement la bouche, soyeuse et souple (la bouteille est finie ! je vous promets, c'est pas dans mes habitudes !). On sent le vin serein mais les acidités restent belles, apaisées, et la longueur est jolie, franche, persistante, enveloppante et fraîche, la puissance est modérée (de demi-corps comme on dit). Ce qui en fait un vin remarquable, c'est la finale arômatique, en l'occurence sur des notes d'encre, qui s'estompe durablement. Ce n'est pas l'acidité ou le volume de l'alcool qui a le dernier mot, mais la sensation des arômes. L'âge a révélé l'esprit de ce vin. C'est une expérience poétique très fascinante. Le verre vide sent diablement bon, laissant au milieu des parfums un petit sourire acidulé. Mais quand c'est fini c'est fini ! 

En résumé, très beau vin, complexe, mûr à point (ne pas attendre plus à mon goût), fin, conservant beaucoup de fraîcheur. 
A ne pas boire en été non plus. Les allers-retours au frigo ne sont pas gérables. 
En revanche, ne pas crier au feu quand une de vos vieilles bouteilles a pris un petit coup de chaud de quelques semaines, même au-dessus de 30°C. Un début de coulure, c'est pas non plus la mort subite ! Le cuir est plus solide qu'on ne croit. Par contre, j'aurais pas pris le risque de la conserver un ou deux mois de plus. En gros si ça arrive, faut renoncer au vieillissement et inviter les amis assez rapidement sans se bousculer non plus ! 

Très beau bordeaux, complexe, délicat. Pas grand mais harmonieux et abouti. Très bon moment. 

Salut à tous !

177186

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