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Du pif sans gadget
27 mai 2015

Château Lagrange 1990 - Saint-Julien

Bouteille acquise auprès d'un amateur (se révélant plus spéculateur que consommateur finalement ! chacun son truc !) que j'ignorais jusqu'ici. Il m'aura fallu un petit effort d'oreiller ce jour-là pour la réceptionner. Traversée de tout Paris à vélo, rendez-vous fixé un dimanche matin à des horaires de petit déjeuner, petite pluie fine incessante ! 

Un mois de quarantaine plus tard, en position verticale, j'estime que le dégoupillage passe au vert ! 

Une bouteille bien méritée je trouve ! C'est parti pour le canardage photo sous toutes les coutures !

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Le bouchon apparait nickel sous la capsule, aucune trace d'humidité ou de moisissure (pas forcément un avantage mais rien d'inquiétant jusque-là). L'ouverture s'opère d'une pièce sans trop de résistance, sans trop glisser non plus, normal, bien. Il se révèle imbibé au trois quart à certains endroits, presque intégralement ailleurs, à peine entre. Le liège reste souple, aucune vitrification apparente.

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La robe présente une teinte assez jeune, d'un rubis soutenu.

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NEZ: Sans aération, ma première impression, perché bien au-dessus du verre, est celle d'un bordeaux offrant des traits d'évolution. Plus sérieusement, le nez est assez captivant sur les fruits noirs acidulés associés à des amers. L'inspiration prolongée révèle une profondeur amplifiée sur ces mêmes marqueurs de fraicheur. Une pointe de chaleur maitrisée accompagne le fruit. Je pense à la gelée de cassis, celle que l'on cuit avec retenue sous peine de dénaturer le fruit, encore tremblotante ! Viennent ensuite de très belles notes animales, de bacon, de cuir, de sous-bois. Celles-ci mêlées au fruit qui brille renvoie à une forte floralité de type pivoine/rose fanée. Juste équilibre de fraicheur et de décadence, le vin est à point. Avec l'aération, apparaissent un semblant d'eucalyptus, d'animal "mentholé" soutenu d'une brise amère, fine mais prononcée. A ce stade, le plus séduisant est donc cette jonction entre cassis acidulé un poil chaud (soupçon ou semblant de douceur sans confit), notes animales et amers séveux. Le côté giboyeux finit par évoquer la truffe par moments, plus tard dans la soirée. Mais pour ma part, aucun graphite perçu. Arrivé vers le fond de bouteille (hips°°°, snif !!!), je perçois davantage la prune en complément du reste déjà cité (mais ça va, ça vient...). Vers le dernier verre, je découvre une petite impression tendant vers le kirsch et quelque chose de fugace sur le pain d'épices. Le plaisir est permanent, chaque incursion du nez dans le verre aura été l'occasion de sensations renouvellées, très changeantes.

BOUCHE: A l'ouverture l'attaque est ample, pleine, caressante. Les tanins sont parfaitement fondus. L'aromatique est mûre à point (jamais dure et à peine douce, aucune sucrosité à proprement parlé). Le milieu de bouche offre une présence qui manque un peu d'appui à ce stade avec en parallèle une puissance d'alcool qui emporte davantage la périphérie. De beaux amers se manifeste d'emblée. Je me demande à cet instant si le vin ne manque pas un peu de délicatesse et ne serait pas un peu trop solaire à mon goût. Je suis interpellé par ce clivage entre tanins doux, soyeux et développement puissant qui allume un peu le fond de gorge en particulier. La température étant de 18-19°C, je place le vin au frais pour le rendre plus élégant. Après une bonne heure d'aération, la bouche a beaucoup changé. La densité est maintenant pleine, sans faiblesse, sans creux. Elle est hyper charnue, fondue, toujours un peu puissante mais on s'y fait bien ! (sur ce point, mon impression sera là encore mouvant). Superbe tension de matière qui semble ne pas vouloir s'épuiser avant de s'apercevoir qu'il n'y a plus rien dans le gosier (un bon coussin sur lequel on rebondi facilement 5-6 fois). Les amers rafraichissants se manifestent très vite pour perdurer jusqu'en finale. Ils se combinent merveilleusement à l'acidité que je trouve délicate, parfaitement conductrice et stimulante, et concourent tous deux à égalité. Le cassis, la cerise sont bien là. La finale offre une très longue rémanence amère, acidulée, aromatique laissant une impression de fraicheur.

Conclusion: C'est un très beau vin qui offre beaucoup de plaisir. Pourtant, je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'il ne me laissera pas un souvenir impérissable ! Pourquoi ? Peut-être est-ce une certaine monotonie en bouche malgré de belles qualités ? Peut-être n'étais-je pas disponible ce soir-là pour être convenablement réceptif ? J'en attendais probablement trop aussi ! Toujours est-il que je déconseille ce vin à ceux qui n'apprécie pas les amers. Aussi, si je devais le recroiser, je n'y toucherais pas avant 1h30 d'oxygénation douce.

TRES BIEN / TRES BIEN +

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