Domaine du Collier 2010 - Saumur Blanc

Nez magnifique dès l'ouverture, gentillement expressif mais aux nuances précises et subtiles. Jus de coing acidulé de citron jaune (à peine sur le vert), adouci par un côté confiserie type berlingot. Joli tilleul. La rencontre du coing et du bonbon cité mêlée aux délicates effluves d'alcool suggère un peu la cannelle, voire très succinctement l'anis étoilé sucré. On pourrait donc songer à une pointe infime de pain d'épices. Les notes de compote pomme blettes-coing "caramélisées" blond demeurent suggérées face à une fraicheur citronnée qui s'impose. 

De belles côtes de veau à la crème se mitonnent ! 

L'attaque est ciselée, hyper pleine, grasse, dense, large, citronnée, aiguisée. La tension est superbe et pour avoir bu Montbenault 2010 à nouveau la semaine dernière, je trouve de mémoire (de mémoire seulement) les deux vins très proches. Longueur excellente et pour être pointilleux, un très léger affaissement du volume, de la densité, quelques temps après l'attaque, à mi-course (léger léger !). Les acidulés sont magnifiques. Pointe de coing-tilleul délicatement lisible derrière le citronné. D'infimes amers relèvent la finale avec un soupçon de chaire blette épicée. Très salivant si bien travaillé en bouche. Un régal ! 

Nous buvons ce Saumur à côté de Grain de Pierre 2011 Reine Jeanne (c'est devenu mon GDP fétiche ! ). C'est assez passionnant de comparer ensemble la "géométrie" (pour reprendre un terme intéressant employé hier par un lpvien) de ces deux vins. Grain de Pierre est d'entrée incisif, offre une belle matière sèche très jurassienne, un fruit un peu résineux et un équilibre plus haut en alcool. Fraicheur, salinité et longueur sont extras. En parallèle, Collier offre une attaque beaucoup plus dense, pommadée, grasse, un fruit légèrement de confiserie (pas de sucrosité vraiment mais…). L'acidité est présente mais nettement moins saillante. Cette dernière surgit à mi-course en s'amplifiant jusqu'en finale, lorsque le vin est bien tourné en bouche. L'alcool est magnifique de discrétion. La tension des deux vins n'ont pas du tout la même construction. Celle de Pierre repose sur l'alcool (sans excès) et l'acidité, il est donc très aérien, suit une ligne de crête du début à la fin tandis que celle du Collier, en bon terrien gourmand, est conférée essentiellement par son énorme matière qui s'élève progressivement vers le ciel, grâce à une acidité infiltrante. Je trouve cette dernière beaucoup sensuelle et élégante. 

Un grand bonheur que de passer d'un verre à l'autre ! 

TRES BIEN ++